Zone C

Date:
Dec. 1, 2012
Language:
French

Overview

La lutte pour la terre se trouve au cœur du conflit israélo-palestinien depuis 1947, lorsque l’Organisation des nations unies (ONU) recommanda ce qu’elle considérait comme une partition « plus ou moins équitable » de la Palestine en un État juif et un État arabe sur respectivement 55% et 45% du territoire (ainsi qu’un statut spécial pour Jérusalem et quelques no-man’s land sous supervision onusienne). Ceci, malgré le fait que les habitants juifs, qui ne formaient alors qu’un tiers de la population, possédaient seulement 7% desterres. Le rejet palestinien du plan de partition précipita le déclenchement de la guerre israélo-arabe de 1948-49. Les deux tiers du peuple palestinien fuirent les attaques des forces israéliennes, qui conquirent 78% du territoire. Au cours de la guerre de juin 1967, Israël occupa le reste de la Palestine, à savoir la Cisjordanie (dont Jérusalem Est) et la bande de Gaza, soit 22% de la Palestine historique. Depuis, les gouvernements israéliens successifs ont mené sans relâche une politique bouleversant la cohésion de la communauté palestinienne et provoquant la création sur le territoire d’enclaves s’apparentant à une forme d’Apartheid. Cette politique se fonde sur le postulat que la présence de colonies rendra impossible le retrait israélien des territoires occupés et empêchera dès lors l’établissement d’un État palestinien véritablement indépendant. Toujours en 1967, la résolution n°242 du Conseil de sécurité de l’ONU
posa comme fondement de la paix le retrait israélien de l’ensemble des territoires capturés durant la guerre de juin et demanda aux Palestiniens d’accepter d’établir leur État sur 22% de leurs terres d’origine. En novembre 1988, la direction palestinienne accepta formellement cette résolution au prix de la perte de 78% de la Palestine historique, soit moins de la moitié des terres allouées à l’État arabe par le plan de partition de 1947. Ce compromis territorial fondamental ne suffit pas à pousser l’État israélien sur la voie de la paix ; il continua au contraire à développer les colonies existantes et à en établir de nouvelles. La volonté d’Israël d’exercer un maximum de contrôle sur le territoire et de restreindre l’accès des Palestiniens aux terres et aux ressources s’accéléra même après la signature des accords d’Oslo (1993-95). Ceux-ci divisèrent davantage la Cisjordanie, créant trois zones distinctes – A, B et C – et attribuant à Israël et à l’Autorité palestinienne (AP) des niveaux clairement définis et distincts de contrôle et de responsabilité en matière civile et sécuritaire. Depuis, non seulement le nombre de colons israéliens a doublé en Cisjordanie (zone C) mais la construction de la barrière de séparation et d’un tout nouveau réseau de routes de contournement réservées aux colons est venu consolider la stratégie israélienne. Toutes ces mesures réduisent la superficie, la contigüité territoriale et la viabilité économique d’un futur État palestinien, menaçant donc son établissement et, en conséquence, la réalisation de la solution à deux États.
Ce bulletin a pour objectif de démontrer que faute d’obliger le gouvernement israélien à répondre de ses violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme, le déplacement forcé des Palestiniens et l’intégration de la zone C à l’État israélien continueront, détruisant ainsi les derniers espoirs de voir s’ériger un État palestinien viable et rendant impossible une paix juste et durable dans le cadre de la solution à deux États.